Vanessa, chômeuse… mais pas que !

« To be or not to be ? », Vanessa a choisi : cette fois-ci, elle vivra autrement sa période de chômage.


Texte et photo : Marie-Cécile Jouan.


Assise confortablement dans un fauteuil derrière la vitre du salon de thé, elle regarde les passants qui marchent d’un pas pressé sous la pluie et savoure son après-midi. Nantaise depuis peu, Vanessa, 45 ans, est au chômage. Elle n’a pas choisi cette situation. Pour autant, elle s’adapte. Voilà un an qu’elle n’a pas décroché un entretien et elle est en fin de droit. Alors, que faire ? Ecouter tous les bons conseils des « y’a qu’à, faut qu’on » ? Se morfondre ? Non. Plus maintenant. « C’est compliqué d’être au chômage, explique-t-elle. C’est une condition sociale qui isole, ça fait des dégâts sur les personnes. » Vanessa a décidé de vivre autrement cette expérience. Elle ne veut plus consacrer toutes ses journées et ses nuits à la recherche d’un travail. Au début, elle a bien un peu culpabilisé.

Le poids de l’entourage

Des périodes de chômage, elle en a déjà eu d’autres dans sa vie, plus ou moins longues. Alors, se précipiter sur son ordi le matin au réveil, courir les boîtes d’intérim, répondre aux petites annonces, envoyer des CV, se rendre aux convocations, participer aux formations qui apprennent à faire une lettre de motivation comme cela, et puis une autre qui vous dit le contraire… Tout cela, elle connaît. Les parents qui n’osent plus demander comment elle va, des amis qui ne comprennent pas et qui n’écoutent plus, voire jugent : « Qu’est-ce que tu peux bien faire pour ne pas trouver de boulot ? » Elle connaît aussi… Et les réflexions des recruteurs : « Vous ne connaissez pas ce logiciel? Ah ! vous avez 45 ans ? Au revoir Madame »… Elle connaît aussi. Comme le fait d’être isolée, désespérée, de frôler la dépression… Alors sortant de sa coquille, Vanessa choisit de prendre son temps, de s’écouter, de ne plus être dans une urgence absolue de recherche frénétique et tous azimuts. « J’ai le droit de prendre du temps pour moi », affirme-t-elle avec conviction.

Agenda chargé

Ses semaines sont très occupées et son agenda est bien rempli. Tous les matins, elle consacre du temps à sa recherche d’emploi. Elle déroule ses journées au rythme des activités auxquelles elle participe : sorties, conférences, seule ou avec des amis. Organisée, volontaire, elle a décidé de construire son réseau et essaie de frapper aux bonnes portes. Connaissant peu de personnes à Nantes, elle s’est inscrite au Vivier des compétences des Ecossolies, un lieu de rencontre et d’échanges de compétences dans le domaine de l’économie sociale et solidaire. Chaque rencontre est précieuse, propice à développer son réseau et à se faire des amis.

Les RV de l’artiste

La participation à un stage lui proposant une autobiographie raisonnée et le soutien de l’association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC) accompagne son nouvel élan. Avec une amie, comme elle au chômage, elle décide de prendre une journée par semaine consacrée aux loisirs et aux activités créatrices. Toutes deux nomment ce moment « les RV de l’artiste ». Elle se dépouille ainsi petit à petit de ses idées anciennes pour se reconnecter avec ce qui lui tient à cœur et trouver un nouveau souffle où le travail prendra une autre place dans sa vie.

« Gâchis humain »

Depuis ses 18 ans, elle a toujours travaillé tout en se formant par alternance. Elle a fait preuve de beaucoup d’énergie, de ténacité pour mener tout cela de front. A Londres, en Guadeloupe puis en région parisienne, elle a travaillé dans différentes entreprises avant d’être à bout de souffle et de choisir de venir vivre dans l’Ouest. A Rennes d’abord, ou elle souhaitait créer un salon de thé librairie. Accompagnée par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), elle ne s’est pas sentie soutenue dans ce projet, a jeté l’éponge et est venue s’installer à Nantes.

Elle se désole de constater que les chômeurs ne sont pas reconnus par la société. « On est malmenés par la société, pas considérés, c’est comme si on n’existait pas alors que l’on a plein de compétences qu’on développe à travers cette expérience. Quel gâchis humain ! » L’idéal pour un prochain job ? Un environnement qui la prend en compte avec ses compétences et qualités humaines, qui lui permet de réfléchir, d’innover, de travailler en équipe dans un environnement collaboratif. Alors, vous l’aidez à le trouver ce job ?


Making of : Ce portrait a été réalisé lors d’ateliers d’écriture à la bibliothèque de Treillières. Le thème : « vis ma vie ». Chacun des participants –une petite dizaine de tous âges– était invité à rencontrer une personne de son choix, plus ou moins éloignée de son quotidien, pour en faire un portrait journalistique.  

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