Sur les chemins du périurbain

À l’échelle d’une communauté de douze communes, l’aménagement du territoire, l’amélioration des services tout comme la préservation de l’environnement ou du lien social sont autant de réponses à l’étalement urbain. Proches de l’agglomération nantaise, les campagnes d’Erdre et Gesvres font le plein de nouveaux habitants chaque année. En trente ans, le bassin de  population a doublé. Comment les habitants perçoivent-ils ces bouleversements ? Leur regard sur leur territoire a t-il évolué ?


Sons et photos : Mathilde Chevré.


« C’est vraiment un beau petit coin, je suis content d’y habiter ! »

Dans la deuxième couronne de Nantes, les Sucéens rencontrés boudent leur ville le samedi soir et lui préfèrent l’attractivité nantaise. Pour autant, Sucé-sur-Erdre est une commune où il fait bon vivre malgré la densité périurbaine et le qualificatif appuyé de « ville dortoir ». À Sucé, les lieux de partage figurent en nombre : un café près de l’église, les allées du marché, la richesse d’une vie associative, l’Espace culture qui offre un appel d’air tout comme les chemins de randonnées et le canal de Nantes à Brest. Pour autant, tous pointent la question de la mobilité et les caprices du tram-train. Un commerçant déplore une déviation attendue depuis 40 ans et un port pas suffisamment mis en valeur. Un élu, conseiller municipal et conseiller communautaire d’Erdre et Gesvres, parie quant à lui sur les infrastructures de proximité et l’identité du territoire…

Dans les allées du Marché des terroirs de Sucé-sur-Erdre un vendredi soir, Quai de Bliesransbach 

« Ici, pour se déplacer, il faut une voiture!»

À Nort-sur-Erdre, les commerces de proximité font le bonheur de Cédric, résident de Saffré, une commune située à dix minutes. Il loue la diversité des magasins du centre-ville : la mercerie, le magasin vert ou encore le primeur… et la grande surface ouverte le dimanche matin. Si les loyers commerciaux demeurent trop élevés pour Nelly, habitante de Nort et ancienne commerçante, l’attractivité pour la commune se ressent. En 2020, deux restaurants ouvriront sur le port. L’offre loisirs et les services se développent, à la faveur des nouveaux habitants. La médiathèque refaite à neuf, la piscine, le festival de La Nuit de l’Erdre ou le dynamisme du milieu associatif, sont autant d’éléments jugés positifs, exception faite de la mobilité. Pour se rendre à son travail à Nantes, Cédric a testé le tram-train, en vain, il juge cette solution inadaptée. Le moyen de déplacement longtemps attendu par Nelly et sa famille est aujourd’hui délaissé au profit de la voiture. En cause ? Le manque de fréquence. 

En direct du hall des bassins Ardéa à Nort-sur-Erdre, autour d’un plateau radio

« Ça va vite, très vite au niveau constructions!»

Grandchamp-des-Fontaines, son bourg, son bar-tabac, son traiteur et son accès rapide à la voie express. Chaque année, une cinquantaine de nouveaux habitants s’installent sur la commune, 25 000 à l’échelle du territoire d’Erdre et Gesvres. Beaucoup y voit un apport positif : une population rajeunie, un dynamisme salutaire et une offre de services qui évolue. Pour autant, la construction de nouveaux lotissements tout comme les aménagements urbains suscitent bon nombre de réactions, voir des appréhensions quant à l’évolution d’un territoire jusqu’ici apprécié pour sa qualité de vie. Les habitants rencontrés déplorent le manque de places de parking tout comme l’absence de moyenne surface sur la commune. Si la fréquence des cars Lila, la qualité des services médicaux ou la diversité de l’offre associative sont autant de réponses favorables à leurs besoins, les services voués aux personnes âgées ou dans le domaine de la petite enfance demeurent également attendus. 

En arpentant les rues de Grandchamp-des-Fontaines avec un micro

« Ce qui est bien, c’est que les nouveaux arrivants ont des idées nouvelles! »

Rendez-vous fut pris sur le parking de la Salle Jules Verne. Sept kilomètres, telle est la distance à parcourir sur les chemins caillouteux et creux de la vallée du Gesvres, au détour du village classé de Valais, de la Bouvardière ou du Bois Rignoux. Sept kilomètres depuis Vigneux-de-Bretagne, c’est aussi la distance qui sépare ce bourg paisible de la commune d’Orvault. Sur les sentiers pédestres, l’association portée par son président, Bruno Fasani, est animée par une centaine d’adhérents. Une majorité de retraités fréquente les chemins chaque mardi et jeudi. Ce 28 juin 2018, sur une commune avoisinante, c’est « première » pour près de deux-cent comédiens et figurants amateurs. Mauricette, une infirmière insoumise pendant la guerre est à l’honneur pour un grand son et lumière. Vigneux-de-Bretagne compte plus de soixante associations dont le Petit patrimoine, spécialisée dans l’entretien des croix, des calvaires, des fours, des puits et des moulins. Pour faire vivre le territoire, les initiatives vont bon train. Annie, habitante depuis vingt-cinq ans, voit son village se transformer. Mais malgré la construction de nouveaux lotissements, les commerces peinent à trouver repreneurs.

En chemin, sur les sentiers pédestres de Vigneux-de-Bretagne


Making-of : Durant deux années consécutives, nous avons pu accompagner les habitants d’Erdre et Gesvres à travers de nombreux projets d’éducation aux médias. Nous sommes allés à leur rencontre, cette fois, en leur donnant la parole dans le cadre d’une émission radio, d’un reportage ou d’un témoignage. Au micro, à l’échelle de quatre communes (Sucé-sur-Erdre, Nort-sur-Erdre, Grandchamp-des-Fontaines et Vigneux de Bretagne), ces habitants nous racontent comment ils perçoivent leur territoire et le voient évoluer, questionnent leur rapport à la mobilité, témoignent autour des lieux de partage ou encore, la densification périurbaine. 

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